Aborder les richesses architecturales et picturales de Moutiers nous invite à se pencher en amont sur les racines de cet essor qui puisent au haut Moyen Âge, temps où la christianisation pénétra plus profondément dans les sociétés rurales. Après une brève mise au point sur les origines de l’occupation du site, pour lesquelles nos connaissances doivent plus à la tradition qu’à de réelles sources historiques, l’étude s’attache à replacer dans son contexte la fondation du monastère autour duquel s’organisa tout le développement du site et influença jusqu’à son toponyme actuel. Mal connu pendant les premiers temps de son expansion au cours du VIIIe siècle, l’essor de la communauté monastique est pourtant tel que l’empereur Louis le Pieux entretient des liens privilégiés avec elle. Lorsque, sous Charles le Chauve, cette protection impériale s’estompe au profit du monastère voisin de Saint-Germain d’Auxerre, les moines de Moutiers choisissent de renoncer à leur autonomie et demandent alors à entrer dans la dépendance auxerroise. Pour Moutiers, cette union ne fut pas qu’une sujétion, bien au contraire. À la faveur des différentes réformes orchestrées à Saint-Germain, le petit monastère bénéficia de nombreuses donations, dont celle de l’église Saint-Pierre qui abrita plus tard les cycles de peintures que l’on connaît, et de plusieurs campagnes de rénovations architecturales qui témoignent du dynamisme et de l’importance de sa communauté régulière.