Les théories de la connaissance reposent en grande partie sur des développements initiés à partir de la philosophie antique grecque perçue comme les premiers fondements du rationalisme. Si les catégories de pensée ont évolué depuis ces fondements occidentaux, on peut constater que le mode de catégorisation lui-même n’a pas changé. Certains hellénistes comme Marcel Detienne (1977) et Jean-Pierre Vernant (2013), rejoints par Cornélius Castoriadis (1975), proposent de mettre à distance cet hellénisme humaniste qui empêche d’examiner des catégories de pensée présocratique pourtant déterminantes. L’étude d’auteurs comme Hésiode et Anaximandre montre qu’il n’est pas question d’ordre idéal prédéfini qui favoriserait la naissance d’une nouveauté. Postuler des lois existant en puissance qui s’imposeraient une fois pour toutes peut être mis en balance avec une autre approche qui accorde toute son importance à l’indéterminé dans la genèse des formes historiques. Cette plongée dans la pensée antique nous fournit l’occasion d’opposer deux conceptions de l’action. L’une est d’essence matérialiste et suppose que l’action prend sa source dans les conditions d’existence. L’autre postule que l’action peut naître d’un magma par définition indéterminé. C’est à la définition de cette catégorie de pensée « l’indéterminé » qu’est consacrée notre communication. Une fois établie elle permet de contester la suprématie de la première conception de l’action et ouvre ainsi un autre champ des possibles.