« En ma fin est mon commencement » : la devise brodée par Marie Stuart pendant sa captivité anglaise acquiert, au XIXe siècle, des accents prophétiques. Sous la Restauration, le souvenir de l’exécution de cette reine très en phase avec la sensibilité romantique est ravivé par celui de l’échafaud de Marie-Antoinette, ouvrant la voie à une récupération politique ambiguë à cause des soupçons d’adultère et de complicité de meurtre qui pèsent sur elle. Au milieu du siècle, alors que la reine déchue se trouve marginalisée par les changements politiques, un mouvement de réhabilitation d’ampleur européenne s’esquisse, qui débouchera, en 1899, sur l’ouverture d’un procès de béatification. Mais les représentations du supplice doivent aussi être analysées au prisme du genre : les hommes nient l’héroïsme de Marie Stuart quand les femmes la dépeignent comme une reine puissante, vertueuse et courageuse. La relégitimation posthume de la reine d’Écosse, ambiguë chez les royalistes, reste inachevée chez les catholiques. Les femmes perçoivent cette héroïne comme un Christ féminin annonciateur de leur règne.