Les entreprises sont, de plus en plus, amenées à s'engager dans des innovations techniques incertaines. L'apprentissage de compétences nouvelles devient un enjeu important ce qui conduit alors à s'interroger sur l’articulation entre la dynamique de l'entreprise et celle des ressources humaines. L'objet de ce texte est d'analyser, à partir d'une comparaison internationale, comment émerge la professionnalité des ingénieurs dans la dynamique des entreprises. Une équipe du LEST (Maurice, Lanciano, Nohara, Silvestre) met en œuvre, depuis plusieurs années, des recherches comparatives sur la "fonction technique" dans les entreprises et sur les processus d'innovation. Jusqu'à présent, elle avait essentiellement travaillé sur les dynamiques innovatrices des secteurs manufacturiers, alors que son intérêt se déplace maintenant vers les secteurs producteurs de biens immatériels. Ainsi, ce texte traite d'une recherche en cours sur l'industrie des logiciels. Elle représente, pour la France comme pour le Japon, des enjeux considérables en termes de compétitivité à court et à moyen terme. Cependant, elle est mal cernée pour plusieurs raisons : ses contours sont loin d'être figés ; elle tient une place ambiguë entre l'industrie et le service ; elle induit une nouvelle forme de coopération entre le fournisseur et le client, une imbrication des compétences requises par le processus de production. Cette recherche comparative nous conduit donc à aborder un secteur qui permet un certain déplacement par rapport à l'étude de l'industrie manufacturière, tout en continuant de poser les questions qui se présentent à cette dernière. Cette continuité et une certaine rupture par rapport à nos travaux passés constituent une toile de fond dans l’ensemble de nos interrogations.