Généralisé en 2008, le dépistage organisé du cancer colorectal (DOCCR) connait un échec relatif en termes de participation de la population cible. Un des principaux leviers de la participation de la population cible est celui de la mobilisation des médecins généralistes. Les freins à la mobilisation de la population cible et des médecins généralistes ont été abondamment documentés par la littérature, notamment épidémiologique. Cependant, en tant que programme d’action publique, le DOCCR est peu étudié sous l’angle de son pilotage. Or, dès les premières expérimentations dans les années 1990, des tensions entre les autorités de tutelles nationales ont émergé. A partir d’une méthodologie qualitative, cette communication s’interroge sur les modalités de pilotage du dispositif et ses répercussions sur son efficacité. A l’échelle nationale, une difficile coordination entre les institutions se répercute à l’échelle départementale où la position incertaine des structures de gestion les enjoint à adopter une stratégie défensive qui complique les relations entre le pilotage départemental et le pilotage national. Les médecins et les acteurs locaux rendent compte de l’impact négatif du problème de pilotage sur le fonctionnement du dispositif. Pour autant, les mesures visant à améliorer son efficacité restent centrées sur les cibles du dispositif que sont la population cible et les médecins généralistes, sans investiguer davantage le niveau de la gouvernance.