Images des invisibles, femmes et enfants dans les ateliers de céramiques en France méditerranéenne : fin XIXe-début XXe siècle - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Poster De Conférence Année : 2021

Images des invisibles, femmes et enfants dans les ateliers de céramiques en France méditerranéenne : fin XIXe-début XXe siècle

Résumé

Dans l’aire méditerranéenne, la division sexuelle du travail dans la production des objets céramiques se résume pour l’essentiel à l’axiome suivant : le tournage est le seul fait des hommes, le modelage est réservé aux femmes. Cette dernière proposition n’est cependant pas vraie, puisque les jarres et grands contenants modelés sont aussi un travail d’homme. Cette équation simple croise une problématique complexe, opposant activité domestique/rurale ? et un artisanat spécialisé ouvert sur des échanges. A ces questions que l’archéologie laisse sans réponse et auxquelles la rétroprojection ethnographique propose des modèles sans épaisseur historique convaincante, les sources écrites n’apportent pas non plus de réponse. Dans les riches archives méridionales, le rôle des femmes et des enfants au sein des ateliers est généralement occulté, sauf dans l’activité de vente directe ou de revente et, surtout, dans les cas de veuvage. L’épouse hérite d’un atelier qu’elle gère généralement le temps d’un remariage, ou plus durablement dans certains cas avec des tourneurs et des compagnons. Les exemples sont cependant rarissimes, mais il existe dès le XVe siècle quelques mentions de « potières » et à la fin de l’Ancien Régime une faïencière marseillaise iconique, « la Veuve Perrin ». D’après les archives et l’ethnographie, leur travail, secondé sans doute par celui des enfants se limite : dans les poteries aux « soins » apportés aux vases, pose des anses, engobage, parfois vernissage, du décor au tournant du XXe s. ; dans les fabriques, manufactures et usines de céramiques d’architecture, coupage, lissage, engobage?, sortie des presses et pour les enfants, transports divers, travail de la terre, manutention et autres travaux non spécialisés. Il n’existe aucune image ancienne de ces travailleu(rs)ses invisibles, avant la fin du XIXe siècle et la banalisation des images photographiques du travail. Ainsi, à Vallauris et dans l’arrière-pays marseillais, en Languedoc, cette main d’oeuvre peu qualifiée accomplit des gestes antérieurs et postérieurs au tournage. A Salernes, en revanche, les nombreuses « malonnières » jouent un rôle plus complet dans le processus de fabrication. La rémunération du travail des femmes et enfants, est très inférieure à celle des hommes et les horaires de travail connaissent au cours des dernières décennies du XIXe et au début du XXe siècle de lents ajustements progressifs sinon réellement progressistes qui débouchent parfois dans les années 1920 sur la constitution de regroupement formels de femmes travailleuses, les « engobeuses » de Vallauris, par exemple, dans un contexte de développement de l’action syndicale.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-03466894 , version 1 (06-12-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-03466894 , version 1

Citer

Henri Amouric, Jean-Louis Vayssettes. Images des invisibles, femmes et enfants dans les ateliers de céramiques en France méditerranéenne : fin XIXe-début XXe siècle. XIIIth Congress AIECM3 on Medieval and Modern Period Mediterranean Ceramics, Nov 2021, Grenade, Espagne. ⟨halshs-03466894⟩
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