Cluny and Religious Women
Résumé
Before the foundation of the female priory of Marcigny-sur-Loire in 1055, which brought together, under the control of the abbot, the nuns who gravitated around Cluny in a circumscribed cenobitic setting, integrated into the Ecclesia cluniacensis, Cluniac diplomatic and hagiographic documentation echoes other forms of women's consecrated life, including domestic ascetics. Widows, virgins and continent wives were part of the social environment in which the abbey was inserted and developed and gave early material for the projection of the monastic conduct itself. The return to the "prehistory" of the abbey, marked by the figure of Ava abbatissa, sister of the founder William I of Aquitaine, as well as the presence of other consecrated women in relation to the monastery during the tenth and eleventh centuries, allows us to recognize this general phenomenon in the Cluniac framework. While the recourse to Hieronymian models of ascetic women in the Cluniac writings and the incorporation of virgin saints in the sanctoral of the abbey give the measure of the exemplary value of the female conversion in the thought on chastity, fundamental in the Cluniac monachism.
Avant la fondation du prieuré féminin de Marcigny-sur-Loire en 1055, réunissant, sous le contrôle de l’abbé, les religieuses qui gravitent autour de Cluny dans un cadre cénobitique circonscrit, intégré à l’Ecclesia cluniacensis, la documentation diplomatique et hagiographique clunisienne fait écho à d’autres formes de vie consacrée des femmes, dont l’ascétisme domestique (house ascetics). Les veuves, vierges et épouses continentes font partie de l’environnement social dans lequel l’abbaye s’est insérée et développée et ont donné matière très tôt à la projection de la conduite monastique elle-même. Le retour à la « préhistoire » de l’abbaye, marquée par la figure d’Ava abbatissa, sœur du fondateur Guillaume Ier d’Aquitaine, ainsi que la présence d’autres femmes consacrées en relations avec le monastère au cours des Xe et XIe siècles permettent de reconnaître ce phénomène général dans le cadre clunisien. Tandis que le recours aux modèles hiéronymiens des femmes ascètes dans les écrits clunisiens et l’incorporation de saintes vierges propres au sanctoral de l’abbaye donnent la mesure de la valeur exemplaire de la conversion féminine dans la pensée sur la chasteté, fondamentale dans le monachisme clunisien.