Nombres et littérature jeunesse : formes de narration et usages des nombres
Résumé
This article focuses on twentieth- and twenty-first-century children’s books published in France that involve numbers with the implicit or explicit intention of introducing their readers to a few insights, practices, or mysteries in the universe of natural numbers. The present study aims at problematizing the role of aesthetic experience in the development of knowledge and the role of imagination in children’s introduction to numbers. As developed by mathematics education specialist François Conne, the framework of knowledge transposition complemented by the tools of Peircian semiotics makes it possible to apprehend numbers as relations, connected by their semiotic chains, and not as objects in an ontological approach or as concepts in a mathematical one. This positioning allows me to highlight the requirements related to the description of the articulations between numbers and children’s literature, requirements that are delineated in this essay, based on research carried out for the most part in the archives of the Bermond-Boquié Children’s Literature Fund. In the first part, I describe the properties relative to the books under study, by examining the French corpora and existing research and by explaining how I have been led to widen or narrow the scope of my investigation. The second part is devoted to scrutinizing the descriptor “forms of narration,” and distinguishes between the forms récit (narrative), exposition (exposition) and a mixed form that I call recimagier (expository narrative), which encompasses an important and specific set of literary productions that deal with numbers. Building upon semiotic games deployed by authors and illustrators, the third part focuses on the descriptor “uses of numbers” and details five uses: Quantifications, Measurements, Numberings, Designs, and Languages. The article concludes with the perspectives that such a categorization offers to research and the existence of a related database.
L’article s’intéresse aux livres de littérature jeunesse, parus en France au XXe et XXIe siècles, se liant aux nombres avec l’intention implicite ou explicite d’initier leurs lecteurs à quelques savoirs, pratiques ou mystères jalonnant l’univers des entiers naturels. L’étude vise à problématiser l’expérience esthétique dans le développement des connaissances et le rôle de l’imagination dans l’initiation aux nombres. Le cadre de la transposition de savoirs outillée par la sémiotique peircienne, développé par le didacticien des mathématiques François Conne, permet d’appréhender les nombres comme relations, liés par leurs chaines sémiotiques, et non comme objets dans une approche ontologique ou comme concepts dans une approche mathématique. Ce positionnement permet d’expliciter les nécessités relatives aux descriptions des articulations entre nombres et littérature jeunesse, nécessités restituées dans ce texte, à partir des consultations effectuées pour la plupart dans les archives du Fonds Bermond-Boquié de littérature jeunesse. Dans la première partie j’explicite les frontières relatives à l’ensemble les livres concernés par mon étude, en examinant les corpus et recherches francophones et en montrant en quoi j’ai été amenée à élargir ou à restreindre le champ d’investigation. La seconde partie est consacrée à l’explicitation du descripteur formes de narration, en distinguant les formes récit, exposition et une forme mixte appelée récimagier recouvrant un ensemble important et spécifique de productions littéraires autour des nombres. La troisième partie focalise l’attention sur le descripteur usages des nombres à partir des jeux sémiotiques déployés par les auteurs et illustrateurs, j’y précise les usages Quantifications, Mesurages, Numérotations, Graphismes et Langages. L’article se conclut sur les perspectives offertes à la recherche par une telle catégorisation et l’existence d’une base de données afférente.
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