La tour de Broue (commune de Saint-Sornin) domine de nos jours un paysage à l'histoire contrastée. Située à l'extrémité d'un promontoire qui s'avance dans l'ancien golfe de Saintonge, elle permet d'embrasser les 16 000 hectares d'anciens marais salants reconvertis depuis le début du XIXe siècle en pâturages. Dans cet environnement très spécifique, cette ruine a de tout temps marqué les esprits des visiteurs. Broue était une place fortifiée d'origine comtale mais également un centre économique dont la prospérité reposait sur le commerce du sel. Le château commandait une vaste région côtière, coincée entre les châtellenies de Mornac et de Soubise attestées dès le XIe siècle, soit les estuaires de la Seudre et de la Charente. Elle s'étendait, d'est en ouest, de la forêt de Baconnais jusqu'à l'océan et, du sud au nord, de la Seudre jusqu'au havre de Brouage et même au-delà, jusqu'aux bourgs sauniers de Saint-Symphorien, Saint-Jean-d'Angle et Saint-Agnant. Dès le XIe siècle, ces marais salants devinrent un enjeu économique et commercial majeur pour l'aristocratie de la région, tant religieuse que laïque. La tour de Broue en représente la traduction matérielle, que ce soit du temps de la possession directe par l'administration comtale ou de celui des seigneurs héréditaires, anciens gardiens du château. Symboles de ce pouvoir aristocratique, les restes du site castral de Broue consistent en une tour entourée d'une chemise partiellement conservée.