Cet article s’interroge sur les logiques d’un impôt sans État. Dû à l’Empereur par les quelques trois cent états qui forment le Saint Empire, l’impôt d’Empire ne suscite en effet aucune construction administrative propre, et ne débouche, ni localement, ni à l’échelle impériale, sur nulle forme univoque d’étaticité. Il n’est pour autant pas dépourvu d’effets, en particulier politiques, institutionnels et territoriaux. En analysant les logiques sociales de distinction et de dépendance qui président à son paiement, cet article entend éclairer la manière dont se forment et se maintiennent des pouvoirs aux formes institutionnelles et spatiales étranges, qui n’ont cessé de surprendre, depuis l’époque moderne, ceux qui les observaient.