L’iconographie comme source dans l’historiographie du ballet français : l’exemple des Galeries théâtrales du premier dix-neuvième siècle
Résumé
Le chapitre propose d’interroger les usages de l’iconographie dans l’historiographie du ballet dit « romantique ». Malgré la pénétration récente des approches de type culturalistes dans les études sur la danse spectaculaire, les historiens peinent à étudier les représentations figurées du corps dansant. S’ils s’accordent pour reconnaître la valeur documentaire de l’iconographie, ils n’en définissent que trop rarement les méthodes d’analyse, lui assignant ainsi une fonction strictement illustrative. Force est de constater que l’usage des illustrations dans le discours historique est malaisé parce qu’elles confrontent directement l’historien aux périls de l’anachronisme. Car les images fixes « donnent à voir » les artistes, leurs pratiques de la danse ou la mise en scène des spectacles et ce, d’une manière sensible, instantanée, sans que le recours au texte soit nécessaire. Spontanément, on recherche dans les illustrations les indices tangibles permettant de saisir historiquement les techniques de danse, l’expression dramatique ou les postures corporelles qui le caractérisent. A travers l’exemple d’un genre spécifique d’iconographie, le « portrait d’artiste » édité en série dans les « galeries théâtrales » de la première moitié du XIXe siècle, nous proposons d’étudier les portraits de danseurs et de danseuses en tant que construction symbolique de leur identité professionnelle, de leur statut d’artiste et d’interprète des ballets représentés à l’Opéra. Dans cette perspective, l’image est donc considérée, non pas comme une représentation « objective » de l’artiste dansant, mais comme une production culturelle répondant aux codes esthétiques et éditoriaux qui lui sont propres. C’est dire que le corps des artistes de la danse incarne, d’une part, les valeurs défendues par les rôles qu’ils interprètent et, d’autre part, les signes symboliques qui fondent leur identité sociale, leur renommée et/ou leur postérité. Une telle perspective historique présente l’intérêt de penser le ballet non plus en fonction de sa seule esthétique – romantique, dans ce cas – mais comme une pratique culturelle à part entière.
Domaines
Art et histoire de l'art
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