Sémiotique appliquée, concrète, opératoire... Les termes ne manquent pas pour définir notre capacité et notre besoin de « mettre en l’épreuve », selon la formule de Floch, la sémiotique. Termes approximatifs, finalement décevants, car ils implicitent la dichotomie à une autre sémiotique, à l'œuvre sur le versant du fondamental, de l’abstrait, de la pure théorie. Opposition trop manichéenne, trop simpliste, pour ne pas conduire, fatalement, à une division stérile et artificielle entre ce que nous considérons, ici, comme deux moments de l’analyse. Deux moments distincts, en diachronie (par attention progressive des approches sémiotiques aux pratiques et aux acteurs) et en synchronie (aux différents stades d’une recherche respectant le moment de la conceptualisation et celui de la confrontation aux objets). C’est ainsi que nous verrons les choses, dans cet ouvrage, en proposant de suivre la voie d’une sémiotique ouverte. Clin d’œil, bien sûr, à Umberto Eco qui a magistralement adopté de multiples postures et rôles, dans son parcours de sémiologue (à partir du signe) et de sémioticien (à travers l’interprétation). Mais « l’œuvre ouverte » est ici celle de la théorie sémiotique, de son épistémè dont le chercheur se fait l’interprète, à mesure que théories, modèles et méthodes progressent ou changent de cap.