La mixité sociale semble aujourd’hui se heurter au poids dorénavant important de la catégorie socioprofessionnelle des Cadres et professions intellectuelles supérieures parmi la population active et à leur concentration dans les centres des plus grandes métropoles du pays, celle du Grand Paris en tête. Ces grandes métropoles concentrent les lieux de pouvoir et de décision internationaux et/ou nationaux et/ou régionaux dans les domaines de l’économie, de la politique, des médias et de la culture. Ce sont aussi dans ces villes, où sont localisés les principaux établissements d’enseignement supérieur, que sont formés les cadres et ceux qui exercent des professions intellectuelles supérieures. À cette centralisation des centres de décision et de pouvoir et des lieux de formation fait écho la localisation de ceux qui travaillent ou fréquentent ces sites. La proportion considérable de cette catégorie sociale dans ces métropoles densément peuplées (le Grand Paris en premier lieu) crée les conditions d’une intense compétition pour le foncier. La compétition entre personnes ayant des revenus les plus importants écarte progressivement les catégories sociales plus modestes. Ce n’est pas un hasard si les prix de l’immobilier ont augmenté de manière importante et de façon continue à partir de la fin des années 1990 dans les grandes villes et tout particulièrement à Paris. C’est en effet à partir de cette date que l’augmentation voulue par l’État à partir du début des années 1990 du flux annuel de diplômés de l’enseignement supérieur a commencé d’avoir une incidence sur le stock et le poids des Cadres et professions intellectuelles supérieures. Ce n’est donc pas tant la part croissante de Cadres et professions intellectuelles supérieures qui pose problème que la contrainte exercée par l’armature urbaine sur la localisation de ces emplois en France. C’est la concentration en un nombre réduit de territoires des emplois de cette catégorie qui rend quasiment impossible d’approcher l’idéal géographique de mixité sociale.