A partir du cas du « Tribunal international Monsanto », cet article analyse comment les procès fictifs peuvent contribuer aux processus de mobilisation impliquant aussi bien des profanes que des professionnels du droit. La nature polysémique de la forme procès permet à chacun de ces protagonistes (sympathisants, militants, journalistes d’investigation, juristes…) de prolonger et de consolider les pratiques spécifiques dans lesquelles ils sont habituellement engagés. Dans le cas du tribunal Monsanto, la formulation d’une expertise visant une innovation juridique est comme enchâssée dans une entreprise, bien plus large et ouverte, de dénonciation et de mobilisation collective. Autant dire que la capacité à rallier aussi bien les profanes que les professionnels du droit doit beaucoup à la convergence temporaire entre, d’une part, une mise à l’épreuve d’émotions interpellant le sens commun et, d’autre part, une production de connaissances juridiques spécialisées.