Le sous-groupe professionnel des enseignants en prison représente 0.2% de la masse globale des enseignants en France (Heraud & Soigneux, 2020). Ces enseignants dans les « marges » (Kherroubi, Millet & Thin, 2018) interviennent ponctuellement ou à temps plein au sein des établissements carcéraux (en tant vacataires ou titulaires). Enseigner en prison relève d’une démarche volontaire, il n’y a pas d’affectation systématique possible, d’autant plus que l’institution pénitentiaire semble être une entrave au bon déroulement de l’enseignement avec les logiques sécuritaires et disciplinaires qu’elle impose (Salane, 2013). Néanmoins, ces professionnels, y compris les vacataires, bénéficient d’une certaine protection des effets sécuritaires et de l’autorité de l’institution en étant rattachés au ministère de l’Education nationale (Buisson-Fenet, 2019). D’ailleurs, les données publiées récemment par l’administration pénitentiaire montrent que les enseignants en prison restent plus longtemps en poste (6,2ans) que dans le milieu ordinaire (3,5ans) (Heraud & Marmonier-Lechat, 2021). Nous nous demandons en quoi ces carrières atypiques en marge du milieu ordinaire permettent de mieux saisir les logiques professionnelles des enseignants dans leur globalité et quelles sont les rétributions qu’ils y trouvent.