Les prisons françaises sont occupées à 96,8% par des hommes au 1er Mars 2022 (Ministère de la Justice, 2022). Cette présence masculine en prison n’est pas uniquement liée aux personnes incarcérées, en 2012 le personnel de surveillance était composé de seulement 20% de femmes (Rambaud, 2014). La promotion de 2022 pour la formation des surveillants pénitentiaires était composée de 40% de femmes (Millescamps, 2022), une nette augmentation due à des politiques de mixité qui s’accentuent avec les années (Rambourg, 2014). Nous pouvons donc affirmer que le milieu fermé en France est essentiellement composé d’hommes que ce soit au niveau des occupants ou du personnel, même si la féminisation des métiers pénitentiaires continue son chemin. De ce fait, être une femme nous oblige à mettre en place une approche différente et une stratégie d’adaptation à ce terrain de recherche particulier. Les stéréotypes de genre sont encore très présents à travers la société et particulièrement dans les milieux spécifiques et essentiellement masculin comme la prison. La recherche au sein de l’univers carcéral pourrait même être qualifiée de hostile. En effet, nous arrivons en prison comme visiteur extérieur, nous ne disposons pas tout de suite des codes, des normes et des valeurs partagés par cet univers et nous nous positionnons en plus comme un enquêteur : une personne qui vient analyser l’exercice du métier sans connaître entièrement la complexité de celui-ci. Nous nous demandons alors si notre genre affecte notre étude et nous émettons l’hypothèse que l’immersion au sein des prisons a été différente dû à notre genre et aux représentations attenantes à celui-ci. Nous réfléchirons notamment à l’alternance des diverses positions adoptées selon les interlocuteurs au sein du milieu fermé.