Les exemples japonais et népalais mettent en lumière plusieurs facettes d›un problème auquel est confronté tout gouvernement en charge de la reconstruction sur son territoire à la suite d'une catastrophe : comment concilier action globale et actions locales ? Les deux Etats ont opté pour des modalités de reconstruction très différentes. Pour autant, on observe les mêmes points de tension. La communication entre les acteurs aux divers échelons est source d'oppositions et d'incompréhensions. La question de savoir comment gérer et encadrer les initiatives locales renvoie à la problématique de la décentralisation. Elle induit une réflexion sur le transfert de compétences au profit des autorités locales et sur leur marge de manoeuvre dans la prise de décision, afin de combiner cohérence globale et cohérence locale de la reconstruction. Elle interroge aussi la participation de la population, qui a la connaissance la plus claire des besoins. L'approche participative suppose de fournir des moyens aux habitants en encadrant leur utilisation. Mais la somme des reconstructions individuelles ne garantie pas une reconstruction d'ensemble cohérente et la reconstruction par les habitants ne dispense pas le gouvernement d'intervenir dans le processus, bien au contraire. Par ailleurs, la difficile conciliation entre supervision globale et opérations locales implique de penser l'intervention des ONG et l'encadrement, voire la coordination de leurs pratiques : le rôle des acteurs humanitaires est en effet un élément clef de la reconstruction. Enfin, l'intervention de la communauté internationale tend à se modifier et à échapper au contrôle étatique et aux canaux classiques de l'aide par les institutions et organisations avec le recours de plus en plus important aux réseaux sociaux et aux outils numériques qui favorisent une aide directe, sans intermédiaire.