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Chapitre d'ouvrage Année : 2006

L'antonymie : un opérateur de construction de la norme ?

Résumé

Les opérations de construction du savoir en classe sont complexes et obligent fréquemment à des analyses partielles. Une division possible est opérée dans les sciences du langage selon diverses disciplines ou thèmes... On peut envisager l'analyse du langage en classe au moyen d'outils divers forgés en dehors de la didactique. Ainsi pourrait on approcher le problème à tous les niveaux du langage et de la langue et considérer la situation scolaire comme une situation d'interaction comme les autres. Une approche par la didactique de la discipline s'intéresse généralement autant aux moyens utilisés qu'aux savoirs construits. Existe-t-il une voie médiane qui ne construirait son hypothèse ni dans une école linguistique, ni dans une entrée disciplinaire ? L'idée qui domine le présent essai vise à visiter le problème du langage dans la classe non par un présupposé théorique ou une méthodologie d'analyse construite ailleurs mais par un outil ou plutôt une classe d'outils linguistiques. En l'occurrence la négation et les autres outils de l'antonymie. D'un point de vue pragmatique, la forme linguistique produite par le destinateur du message et reconstruite par le destinataire est interprétée en fonction du contexte de sa production/réception. S'agissant d'apprentissage scolaire, c'est tout à la fois le milieu didactique, le vécu de la classe en matière de construction du savoir, la discipline aussi, qui pèsent sur cette interprétation. On peut donc légitimement s'interroger sur le produit de l'activité sociale qu'est l'enseignement-apprentissage et sur l'influence d'un ensemble de formes linguistiques sur cette fabrication. Une de mes hypothèses est donc qu'il y aurait une corrélation entre les outils linguistiques utilisés en classe et le style didactique et/ou pédagogique de l'enseignant 1. Dit autrement : il serait possible de décoder la manière dont l'enseignant pense son enseignement au travers des outils linguistiques qu'il utilise ou que la situation qu'il a construite génère. Cela suppose l'étude des divers outils langagiers utilisés en classe et, pour être complet, cela imposera ensuite de s'intéresser à la manière dont les élèves comprennent l'usage de ces outils dans l'interaction. Soit à écrire une grammaire de la communication didactique et pédagogique ! Vaste chantier, bien trop ambitieux pour ce modeste article. Je me contenterai d'explorer ici les outils de l'antonymie dans deux séances de travail en classe. Plaçons l'hypothèse dans une perspective pédagogique : la classe est un lieu de normalisation. A la fin d'une séquence didactique, le groupe constitué du maitre et des élèves doit s'être accordé sur un savoir nouveau qui fait norme pour la société "classe". Cette institution collective du savoir passe par la verbalisation, l'explication, l'argumentation... Autant d'opérations langagières complexes. Ce qui a motivé un travail sur l'usage de l'antonymie vient d'une observation comparée d'une même séance menée en parallèle dans plusieurs classes 2. Une activité identique dans trois classes différentes a permis de comparer les outils linguistiques utilisés par les trois enseignants pour gérer la séance et les apprentissages. Apparaissent ainsi des corrélations intéressantes entre des outils linguistiques variés. Un relevé statistique rudimentaire a en effet montré un lien entre l'usage de verbes de cognition comme "savoir", l'usage de pronoms concurrents comme "on" et les pronoms de première personne, et l'usage de différentes formes de négation. L'observation de ces différents outils montre en outre qu'un des enseignants apparait plus exigeant, voire plus normatif, que ses confrères. La difficulté à décrire l'opération de normalisation tient entre autres à l'hétérogénéité de ses marqueurs. Un des buts du présent article est donc d'en explorer un. Ainsi, sans prendre beaucoup de risques, je le confesse, je fais l'hypothèse que les opérations d'antonymie sont des opérateurs de normalisation. Ma question de travail est alors : Les opérations d'antonymie constituent-elles un outil efficace de construction de la norme en classe ?
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  • HAL Id : halshs-03839681 , version 1

Citer

Jean-Pierre Sautot. L'antonymie : un opérateur de construction de la norme ?. Interactions verbales, didactiques et apprentissages, Presses universitaires de Franche Comté, 2006, 978-2-84867-150-5. ⟨halshs-03839681⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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