Extrait : […] L’ouvrage collectif que j’ai l’honneur de préfacer propose d’aborder une question devenue classique pour les sciences sociales, la mobilité, mais par un prisme qui reste encore très largement en friche, sa dimension politique. Il nous propose ainsi un voyage original dans une société où la mobilité est devenue un enjeu de pouvoir et où cette pratique sociale qu’est le déplacement des individus se retrouve à l’agenda politique. En ce sens, il a le mérite de nous inviter à découvrir des contrées inexplorées et complexes où la politique façonne la mobilité tout autant que la mobilité fabrique de la politique.
Il faut dire que, si la problématique des mobilités est venue bousculer plusieurs disciplines des sciences sociales tels que l’aménagement, l’urbanisme ou la sociologie en obligeant les chercheurs à s’interroger davantage sur les dynamiques et les mouvements qui traversent la société, les territoires ou encore les relations sociales que sur des objets et des structures considérés comme immobiles, elle est restée relativement peu abordée dans le champ de la science politique et, cause ou conséquence, sa dimension politique a été en friche y compris dans les autres disciplines qui s’y sont intéressées. Les mobilités sont ainsi le plus souvent considérées essentiellement comme un phénomène social autonome qui permet de rendre compte de la multiplicité des déplacements que conduisent les individus dans un territoire donné mais qui ne suscite à aucun moment un questionnement sur sa dimension politique. […]