Une des grosses surprises que réserve la théorie de la médiation à ceux qui viennent s’y confronter tient à la dissociation qu’elle opère entre le registre du social et celui de l’éthique. L’étonnement naît plus précisément du dégagement et de l’autonomisation de la raison éthico-morale. Une telle façon de procéder entraîne en même temps une difficulté, parmi les plus importantes que soulève le modèle aux yeux de ceux qui le découvrent. En effet, l’opinion commune dans laquelle baignent le chercheur occidental contemporain aussi bien que l’homme cultivé les conduit immédiatement à résister à une telle analyse et à une telle répartition des processus. Pourtant, depuis les Grecs, l’homme s’est posé la question de l’éthique et de sa raison et il a cherché à la situer au-delà de la seule morale sociale ; la philosophie dans son ensemble, en tant qu’elle est recherche de la sagesse, constitue d’ailleurs un projet foncièrement éthique en son essence. Mais visant à rendre compte de son comportement éthique, l’homme a toujours éprouvé, à quelques exceptions notables près, des difficultés apparemment insurmontables à extraire véritablement les fondements de ce comportement de son enracinement social. La théorie de la médiation permet de sortir radicalement de ces impasses et propose une solution qui se fonde, ici encore, sur la clinique.