L’école connaît actuellement une forme d’envahissement de troubles qui sont supposés rendre compte des difficultés scolaires que rencontrent les enfants. Même les médias en viennent parfois à évoquer des « épidémies » de dyslexie ou de dysorthographie… Ces prétendus troubles mettent notamment en question les repères de la clinique classique, ainsi d’ailleurs que les pratiques pédagogiques. À partir d’un recul à la fois théorique et épistémologique, il est aujourd’hui nécessaire de produire une critique qui démonte véritablement les thèses sur lesquelles se fonde cette nouvelle façon de saisir les troubles du langage et des apprentissages qui fonctionne sous le régime de la pensée unique. Il est d’abord possible de montrer que les nouvelles entités qui ont envahi l’école ne sont que le reflet de préoccupations sociales et qu’elles n’ont aucun statut clinique véritable. On peut ensuite faire apparaître que l’argument de la scientificité dont ces thèses se prévalent ne tient pas, dans la mesure où celles-ci traduisent en fait un scientisme, c’est-à-dire une vision réductrice de la science. Enfin, on peut facilement faire apparaître que ce réductionnisme trouve son ancrage dans un naturalisme qui a pris la forme d’un impérialisme biologique.