Comment le discours hagiographique a été partiellement annexé pour un temps par les aristocrates byzantins, comme objets de ce discours, puis comme auteurs. Tel est l’objet de la nouvelle étude publiée dans la collection des Subsidia hagiographica. L’histoire du groupe aristocratique, de la domination qu’il a exercée dans la société byzantine, est encore fragmentaire. Manque à cette aristocratie byzantine une culture. D’autres historiens ont constaté eux aussi que cette aristocratie, dont l’importance est centrale dans le fonctionnement politique et social de l’Empire, est, d’une certaine manière, sans voix (sinon, tout à fait, sans image). Les Vies de saints, qui ont été encore peu étudiées comme produits du groupe aristocratique – on s’est davantage interrogé sur leur caractère populaire –, mettent en jeu, explicitement, l’un des fondements de l’autorité dans l’Empire byzantin (comme dans toute société ancienne), le rapport avec le sacré. Leur examen permet de cerner ce que pouvait être une idéologie aristocratique, de déterminer les discours que le groupe a élaborés sur son propre pouvoir, les représentations qu’il en a construites et promues. La question est d’autant plus importante que les historiens modernes l’ont, somme toute, peu considérée, tendant à imputer tout discours et toute pensée du pouvoir comme se rapportant à l’empereur conçu comme la source de toute autorité dans le monde byzantin.