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Communication dans un congrès Année : 2022

Geoffroi Plantagenêt prend Montreuil-Bellay à la lecture de Végèce (printemps, 1151)

Résumé

Printemps, 1151. Depuis plusieurs mois, Geoffroi V Plantagenêt, comte d’Anjou, et ses troupes assiègent Montreuil-Bellay, une place à une quinzaine de kilomètres au sud de Saumur que défend Giraud Berlai, son seigneur rebelle. Le village, sis sur un éperon rocheux, leur apparaît solidement fortifié. Leurs machines de guerre provoquent certes quelques brèches par où lancer l’assaut, mais les défenseurs les comblent aussitôt de troncs de chêne. Les semaines passent et le découragement commence à s’emparer des assaillants. Le comte décide alors de chercher une solution dans l’Art militaire de Végèce. Il s’y plonge à l’aide d’un moine de l’abbaye de Marmoutier, pour y découvrir la formule d’une bombe incendiaire. Il la fait fabriquer et un mangonneau la projette avec succès. L’assemblage de chênes brûle. La forteresse est désormais à la merci du Plantagenêt. Son maître lui offre la reddition. L’anecdote est extraite de l’Histoire de Geoffroi, duc de Normandie et comte d’Anjou, que Jean, moine de Marmoutier, rédige entre 1164 et 1187. Son protagoniste est mort le 7 septembre 1151 dans la foulée de sa victoire de Montreuil-Bellay. L’auteur, qui écrit sa biographie quelques décennies après sa disparition, ne l’a donc personnellement pas connu. Il ne travaille que par ouï-dire ou par l’adaptation de textes aujourd’hui perdus, composés ou copiés dans son propre monastère. En effet, son abbaye, fondée à la fin du IVe siècle par saint Martin aux portes de Tours, est un centre historiographique remarquable. À la suite de plusieurs autres moines chroniqueurs de Marmoutier, auxquels il reconnaît sa dette, Jean travaille à légitimer la maison d’Anjou qui dispute aux Blois et aux Capétiens la domination de la Touraine. C’est peut-être son pays, car l’Histoire de Geoffroi rapporte plusieurs anecdotes sur Loches, un village à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tours. Jean de Marmoutier admire Geoffroi V pour être, à titre laïque, chanoine de la collégiale de Saint-Martin de Tours, où reposent les reliques du saint, et moine de son propre monastère. Il le félicite, ainsi que ses ancêtres, de protéger sa maison et de promouvoir le culte martinien. Il suit donc les autres religieux qui, dans le scriptorium de Marmoutier, ont élaboré avant lui l’histoire de la lignée angevine, parant ses membres de toutes les vertus morales, princières et, de plus en plus au XIIe siècle, courtoises : courage au combat, sens de la justice, engage- ment pour la paix, culture littéraire, dons rhétoriques, sociabilité affable… C’est au plus haut degré que, à en croire Jean, Geoffroi V cultive ces qualités, presque par atavisme généalogique. Son recours même à Végèce traduit son intelligence stratégique et sa culture livresque. L’anecdote n’est qu’un élément de plus d’un système de propagande en faveur du prince. L’état de conservation de l’Histoire de Geoffroi n’est certainement pas idéal. Les manuscrits les plus anciens sont perdus et il n’en reste que deux copies tardives.

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  • HAL Id : halshs-03884271 , version 1

Citer

Martin Aurell. Geoffroi Plantagenêt prend Montreuil-Bellay à la lecture de Végèce (printemps, 1151). Actes de colloque, Université de Paris IV-Sorbonne, Oct 2013, Paris, France. pp.155-181. ⟨halshs-03884271⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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