La médecine de l'âme. Le chant de Sanaa dans la société yéménite
Résumé
Le chant de Sanaa (al-ghinâ al-san’ânî ) est une tradition musicale citadine, considérée comme savante par les Yéménites eux-mêmes, car c’est la plus ancienne de la Péninsule arabique. Au cours du cérémonial du magyal, qui réunit chaque après-midi les hommes autour de la consommation du qat, la musique, principalement un chanteur soliste s’accompagnant au luth (‘ûd) entretient la contemplation poético-musicale. Dans les veillées de mariage, samra , elle est joué sous une forme plus légère, pour faire danser les convives, parallèlement à des formes religieuses comme l’inshâd. Alors qu’au Yémen la musique, surtout instrumentale, est sévèrement tenue en suspicion, et que les musiciens font les frais de ce statut en terme de marginalité, le plaisir musical (tarab) favorise une inventivité qui défie les valeurs religieuses et le code de l’honneur, offrant au corps social un vecteur de renouvellement. C’est peut-être en ce sens que, pour les Yéménites, la musique est une “médecine de l’âme”.
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