Arènes-EHESP Le débat public autour du système public de santé et surtout de sa réforme tend à se focaliser, non sans raison, sur sa privatisation et sa libéralisation, les deux termes n'étant pas équivalents. La privatisation renvoie stricto sensu à la présence accrue d'acteurs privés, lucratifs ou non, dans son fonctionnement routinier. Elle touche aussi bien le financement que l'offre de soins. Avant d'en donner quelques exemples marquants, il faut mettre en garde le lecteur contre l'idée de la radicale nouveauté de ce phénomène. En effet, pour des raisons historiquement contingentes-l'hôpital ayant été réservé jusque 1941 aux seuls indigents-la France est l'un des pays d'Europe qui compte le plus grand secteur d'établissements hospitalier privés, destinés aux classes moyennes et supérieures. Il en va de même pour les EHPADs, qui ont fait tristement les gros titres de la presse récemment. Au surplus, l'offre de soins de premier recours est, elle aussi, majoritairement privé puisque dominé par des professionnels libéraux, médecins libéraux en tête qui ont défini leur identité « libérale » au début du XXème siècle contre les premiers projets d'assurance sociale. Au final, l'hôpital public fait figure d'îlot, ou peut-être de continent, vu sa taille, au sein d'une offre de soins majoritairement privée. Du côté du financement, le lobbying de la Mutualité française entre 1945 et 1947 a porté ses fruits puisqu'a été instauré un « ticket modérateur » qui n'a rien d'économique (puisqu'il est remboursé par les mutuelles et autre assurances maladie complémentaires !) mais tout de politique : garder une place dans le système de santé.