Voici un peu plus d’un an, au cours des primaires de la campagne présidentielle américaine, le sénateur républicain Herman Cain proposa d’instaurer une flat tax sur l’ensemble des revenus (particuliers, sociétés, transactions). Elle eût été destinée à remplacer the Byzantine US income tax code qui compte 72 000 pages. Le site d’information Slate répondit alors aux questions de ses lecteurs en expliquant qu’il s’agissait d’une allusion aux « complicated politics of Constantinople (which used to be Byzantium and is now Istanbul) ». Exemple parmi bien d’autres du fait que Byzance est surtout connue par l’adjectif « byzantin » et les clichés qu’il véhicule depuis les Lumières. Mais ce sont les humanistes du xvie siècle qui donnèrent à l’Empire romain d’Orient le nom de la colonie grecque devenue la « deuxième Rome ». Byzance commence avec la fondation de Constantinople par Constantin le Grand (330). En venant établir sa capitale sur ce site unique au carrefour de l’Europe et de l’Asie, le premier empereur chrétien, dont la tradition a fait un saint vénéré de l’Orthodoxie, égal des Apôtres, ne rompait pas délibérément avec Rome mais cherchait à rénover et à réunifier l’empire sous une même foi après sa victoire décisive sur son concurrent Licinius (324). Jusqu’à la chute de la « reine des Villes », « gardée de Dieu » en 1453, ses successeurs, longtemps qualifiés d’« augustes » sur leur monnaie d’or, se nomment « empereurs des Romains ». Les habitants appellent leur territoire « Romanie »… Il vous reste à lire 92 % de cet article.