Partant d’un tour d’horizon des différentes acceptions du terme de prothèse, la contribution étudie l’exhibition de prothèses dans la gravure renaissante qui va de pair avec les progrès de la science anatomique et la représentation plastique du corps humain intègre, appareillé ou démembré. L’ambivalence fonctionnelle qui caractérise toute prothèse est illustrée par les exemples de la canne et des lunettes. De réparatrice, la prothèse devient méliorative et esthétique. Sont évoqués, sous ce même angle, les mains de fer sophistiquées du chevalier de la guerre des paysans, Götz von Berlichingen, héroïsé par Goethe, et du chirurgien de la Grande Guerre, Ferdinand Sauerbruch, ainsi que le pilon du pauvre des amputés de la guerre franco-espagnole et de la guerre de Trente Ans que caricature l’imagerie de propagande. La contribution se penche ensuite sur les préfigurations du cyborg dans l’iconographie et la fiction de la Renaissance qui peint ou dépeint des individus hybrides instrumentés dont l’environnement artefactuel se transforme en appareillage en en prison prothétiques. La réflexion sur l’assignation matérielle est aussi au cœur des usages métaphoriques de la notion de prothèse dans le discours contemporain. La prothèse y est perçue comme consubstantielle à l’homme moderne, à l’homme en général ou à l’homme à venir.