L'épreuve d'écriture du mémoire d'ingénieur, une mise à l'épreuve des identités - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

L'épreuve d'écriture du mémoire d'ingénieur, une mise à l'épreuve des identités

Edwige Bombaron

Résumé

Dans une démarche compréhensive, cette communication vise à analyser les effets de transformation identitaire de techniciens faisant fonction d’ingénieurs et candidats au diplôme d'ingénieur Hors Temps de Travail – HTO – du Conservatoire national des arts et métiers. Au cours de ce cursus de formation, le sujet est amené à rédiger un écrit dont la forme académique attendue s’associe sur le fond à un projet professionnel. L’analyse des liens pouvant être établis entre cet écrit et la transition professionnelle opérée par le sujet participe à mieux appréhender certains ressorts de la professionnalisation. Cette étude vise à comprendre en quoi le discours tenu, au cours du processus d’écriture, par les rédacteurs du mémoire de fin d’études d’ingénieur, permet de saisir les moments révélateurs de la transition identitaire professionnelle des sujets.Nous faisons l’hypothèse que ces moments révélateurs ainsi identifiés (Lefebvre, 1961) procèdent d’une fertilisation réciproque entre le discours tenu sur l’activité d’écriture de leur mémoire, sur l’écrit lui-même à produire et sur l’activité professionnelle d’ingénieur. Le cadre théorique principal Nous mobilisons tout d’abord le cadre théorique de la professionnalisation entendue ici comme développement professionnel des sujets à travers la notion d’identité vécue (Wittorski, 2008), les sujets se transformant au fil de l’activité professionnelle du projet à réaliser à l’occasion du mémoire de fin d’études. Mais également celui de l’identité énonciative (Guibert, 2007), notion constituant un système multidimensionnnel de représentations : celles de l’identité rédactionnelle ou images identitaires données (Barbier, 2011) de soi comme écrivant ; celles de l’écrit à produire ou images du texte prescrit ; celles de l’autrui à qui s’adresse le mémoire ou images d’autrui pour soi sur soi (Ibid.). Les observations sont réalisées par le biais d’entretiens compréhensifs à dimension phénoménologique (Haas & Masson, 2006 ; Matthey, 2005) tout au long du processus rédactionnel (jusqu’à 6 entretiens sur une temporalité de 12 à 31 mois) auprès de cinq candidats au diplôme d’ingénieur. Ce matériau discursif fait l’objet dans un premier temps d’une analyse de contenu (Bardin, 2007) permettant ainsi de mettre en évidence des moments révélateurs cités plus haut et des thèmes saillants - images de soi en tant que rédacteur du mémoire et de soi comme professionnel ingénieur, images d’autrui sur soi, représentations du texte attendu et à produire. Nous procédons ensuite à une analyse de l’énonciation (Charaudeau, 1992 ; Kerbrat-Orecchioni, 2006 ; Maingueneau, 2009) autour de l’analyse des déictiques - adverbes et « personnes linguistiques » ayant mis en évidence des éléments constitutifs du processus de subjectivation (Wieviorka, 2012) ; des champs lexicaux de verbes (Sarfati, 2014) ; de l’emploi des temps utilisés donnant à voir des temporalités (Haillet, 2007). Une méthode quantitative, à l’aide du logiciel Iramuteq, permet de compléter l’approche qualitative à travers deux représentations graphiques afin d’illustrer nos analyses des images identitaires données.La fertilisation prend progressivement corps dans une dynamique itérative entre l’identité professionnelle et l’identité énonciative mais elle est pluriellement et diversement contextualisée selon les éléments biographiques des sujets. Le temps de l’écriture du mémoire apparait ainsi comme un temps de reconfiguration des éléments propres au sujet, passant par des moments de tension, donnant lieu à des constructions identitaires en accord avec l’image prescrite institutionnellement par l’organisme de formation. C’est donc par le jeu, à la fois progressif et itératif, des ajustements et réajustements des facettes identitaires énonciatives et professionnelles que le sujet s’inscrit, d’une manière ou d’une autre, en fonction de ses caractéristiques propres dans une transformation identitaire.BibliographieBarbier, J. M. (2011). Vocabulaire d’analyse des activités. Paris : PUF, coll. Formation & pratiques professionnelles.Charaudeau, P. (1992). Grammaire du sens et de l’expression. Paris : Hachette Education.Guibert, R. (2007). Formation aux dialogismes et formation dialogique : une modélisation didactique de la communication en formation d’adultes. Note de synthèse pour l’habilitation à diriger des recherches. U. Lille 3.Kerbrat-Orecchioni, C. (2006). L’énonciation, de la subjectivité dans le langage. Paris : Armand Colin, coll. U.Maingueneau, D. (2009). Les termes clés de l’analyse du discours. Paris : Seuil, coll. Points Essais.Wieviorka, M., 2012. « Du concept de sujet à celui de subjectivation / dé-subjectivation », FMSH-WP, 2012|16 : 1-14.Wittorski, R. (2008). La professionnalisation, Revue Savoirs, n° 17.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-04040939 , version 1 (22-03-2023)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-04040939 , version 1

Citer

Edwige Bombaron. L'épreuve d'écriture du mémoire d'ingénieur, une mise à l'épreuve des identités. Congrès international de l'AREF 2019, Université de Bordeaux, Jul 2019, Bordeaux, France. ⟨halshs-04040939⟩
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