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Communication dans un congrès Année : 2023

Le cours de « méthodologie de l’enseignement du français » de Ferdinand Brunot (1915-1917) : un modèle pour former les professeurs de français en poste ?

Résumé

Au moment où les IUFM visaient à faire de tous les enseignants scolaires des « professionnels experts de la transmission des savoirs », Raymond Bourdoncle (1990) analyse la tradition française dans ce domaine depuis le XIXe siècle au prisme des « idéal-types » de la sociologie wébérienne. Il décrit ainsi une opposition entre le « modèle charismatique » des écoles normales primaires, fondé sur une autorité morale et intellectuelle et l’élitaire « modèle de l’homme cultivé » des professeurs du secondaire, préparés par l’université à la maîtrise approfondie de leur discipline. Pour ces derniers, « le XIXe siècle se caractérise […] par le primat absolu du savoir théorique », si bien que « l’histoire de [leur] formation professionnelle […] est celle d’une non-histoire » (Condette 2008 : 9). Autrement dit, cette histoire se confond, à ses débuts, avec celle des disciplines universitaires. Des notes manuscrites, inédites, de Ferdinand Brunot offrent un observatoire sur cette réalité peu documentée. Elles sont relatives à un cours intitulé « Méthodologie de l’enseignement réel du français », dispensé entre 1915 et 1917 à la Sorbonne à « des auditeurs qui pour la plupart professent », vraisemblablement dans les collèges et les lycées. Au-delà de l’engagement bien connu de Brunot en faveur de la réforme de l’enseignement du français (Melis et Swiggers 1992 ; Chevalier 2006) alors en « crise » (Boutan et Savatovsky 2000 ; Chiss 2006 ; Fournier 2011), la « méthodologie » qu’il développe vise à délégitimer le « dogme » grammatical en séparant nettement les connaissances nécessaires aux enseignants de celles que doivent acquérir les élèves. En effet, considérant que « l’objet même que se propose notre enseignement est mal délimité », il cherche à définir le français à enseigner de manière à rendre concrète et enseignable l’inaccessible abstraction qu’est la langue. Après avoir présenté ces notes en tant que documents pour l’histoire de l’enseignement du français en les replaçant dans le contexte politique, institutionnel, épistémologique et pédagogique de leur production, on s’interrogera, à partir de l’analyse du plan du cours et des principales caractéristiques du savoir professé par Brunot, sur la parenté entre cette « méthodologie » et la notion de « modèle didactique » au sens de (Reuter et al. 2013). On mettra ensuite en évidence la conformité de ce cours au modèle sociologique de « l’homme cultivé » alors dominant. On pourra ainsi à la fois prolonger le questionnement initié par Henri Besse (1995) sur les causes de l’échec des propositions pédagogiques de Brunot et contribuer à l’histoire de la formation qu’on nommerait aujourd’hui « continue » des enseignants en France, qui reste « encore à écrire » (Étienne 2015 : § 3).
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Dates et versions

halshs-04043866, version 1 (24-03-2023)

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  • HAL Id : halshs-04043866 , version 1

Citer

Muriel Jorge. Le cours de « méthodologie de l’enseignement du français » de Ferdinand Brunot (1915-1917) : un modèle pour former les professeurs de français en poste ?. Modèles en didactique du Français et formation des enseignants. Interroger les pratiques d’enseignement et de formation de la maternelle à l’université, INSPE de Toulouse; Université Jean Jaurès, Mar 2023, Toulouse, France. ⟨halshs-04043866⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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