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Chapitre d'ouvrage Année : 2022

« Introduction. Le médiévalisme au cœur de notre imaginaire »

Résumé

Consacrer un dictionnaire au médiévalisme apparaît aujourd’hui comme une évidence : par ce terme, qui commence à s’imposer dans la presse et les médias, on désigne toute la lente construction et l’étude de ce que nous percevons comme « le Moyen Âge », fruit d’une élaboration à la fois érudite (par l’historiographie, la philologie, l’archéologie…) et créative, à travers l’ensemble des fictions qui renvoient, explicitement ou non, à une période historique identifiée comme telle : les romans, films, séries, jeux, bandes dessinées qui s’y réfèrent ou s’y déroulent. Si le terme « médiévalisme » (apparu en anglais en 1821) a pu être utilisé, dans un célèbre essai d’Umberto Eco, pour désigner péjorativement les productions culturelles et littéraires populaires détachées de tout rapport authentique avec le Moyen Âge des philologues et historiens, ou encore pour qualifier une vision réactionnaire et fantasmée au passé, il est ici employé de manière globale et axiologiquement neutre. Il ne contient pas, en effet, de jugement de valeur, contrairement aux termes « moyenâgeux » et dans une certaine mesure « médiévalisant » que l’on rencontre parfois ; on ne cherche pas non plus ici à le critiquer au nom d’un « véritable » Moyen Âge historique que des fictions auraient tronqué. Il s’agit au contraire d’étudier le médiévalisme pour ce qu’il est : un phénomène complexe, tant politique que littéraire, tant économique que social ou culturel. En ce sens, cet ouvrage contribue à construire – et non seulement à décrire – ce phénomène, qui est aussi un champ de recherche très fécond depuis près de quatre décennies. Encore a-t-il fallu donner au médiévalisme des bornes tant géographiques que chronologiques. Peut-on en effet apercevoir des éléments de Moyen Âge imaginaire dans des régions où le découpage en périodes historiques occidentales ne semble pas, ou plus, pertinent ? C’est pour répondre à cette question que nous avons ouvert notre ouvrage à des contributions traitant de plusieurs continents : Europe, Amérique du Nord et du Sud, mais aussi Asie et Afrique. Celles-ci dégagent deux tendances : la première, ancienne, consiste pour l’Occident moderne à « médiévaliser » des régions entières du globe, pour mieux magnifier par contraste une Europe vue comme portant le flambeau du Progrès. La seconde, héritée là encore de la colonisation européenne, conduit certains pays, sous l’influence de l’historiographie occidentale, à se créer un Moyen Âge, d’abord pour imiter la culture de la puissance dominante, puis comme appui des romans nationaux. Ce phénomène n’empêche toutefois pas la constitution de médiévalismes locaux originaux, et parfois déroutants, où les périodes prises comme références n’ont que peu de choses en commun avec la manière dont l’Europe imagine son propre Moyen Âge : Japon des samouraïs jusqu’à la restauration de Meiji en 1867, Indes du sultanat de Delhi et de l’apogée de l’Empire moghol (XIIe-XVIIe siècles), Chine de la dynastie des Tang (618-907), etc. Cette dernière remarque soulève la question des bornes chronologiques : à quelles périodes fait référence le médiévalisme et, par extension, quand commence ce phénomène ? Plusieurs réponses sont possibles, qui constituent, à notre sens, autant de « vagues » successives qu’il convient de distinguer.
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Dates et versions

halshs-04044999, version 1 (24-03-2023)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-04044999 , version 1

Citer

Vincent Ferré, Anne Besson, William Blanc. « Introduction. Le médiévalisme au cœur de notre imaginaire ». Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire. Le médiévalisme hier et aujourd’hui, Vendémiaire, 2022. ⟨halshs-04044999⟩
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Dernière date de mise à jour le 28/04/2024
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