Du vivier à la grande salle : pour une lecture environnementale du phénomène castral (Xe-XVe siècle) - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2023

Du vivier à la grande salle : pour une lecture environnementale du phénomène castral (Xe-XVe siècle)

Résumé

Depuis déjà plusieurs années, historiens et archéologues du fait castral ne limitent plus seulement leurs investigations aux sites, mais aussi au rapports qu’ils entretiennent avec leur environnement, immédiat et plus lointain. Une telle évolution historiographique ne tient pas seulement à un intérêt, ancien, pour le rôle économique et social de la résidence des élites, mais à un véritable renouvellement des questions posées aux sites archéologiques. Les châteaux, lieux privilégiés de la recherche archéologique médiévale française et européenne depuis le milieu du XXe siècle, livrent des quantités de données colossales sur les environnements anciens et leurs usages dans le contexte des sociétés aristocratiques médiévales : les résidences élitaires apparaissent comme des points de production, voire de dépôt et de cristallisation, d’archives sédimentaires et écrites concernant directement l’histoire environnementale. Les questions environnementales, au sens des rapports qu’entretiennent les sociétés humaines avec les biocénoses végétales et animales, sont traitées le plus souvent à une échelle réduite, presque micro-historique, qui est aussi celle du site archéologique. Cela tient au règne sans partage de la monographie de site, véritable histoire totale d’un lieu et d’une époque donnée, comme genre privilégié de publication archéologique. La comparaison inter-sites effectuée à vaste échelle permet par ailleurs de replacer les données relatives à chaque situation dans un cadre plus large. Une recherche effectuée au sujet des ressources alimentaires des sites castraux d’Aquitaine du nord au second Moyen Âge (Xe-XVe siècle) a, de fait, permis de systématiser les observations relatives au rapport des habitats élitaires et de leurs habitants à leur environnement local. Les enseignements en sont multiples : premièrement, l’évaluation de l’apport des ressources alimentaires non-agricoles, issues de la chasse, de la pêche et de la cueillette, permet de mettre en relief une certaine diversité du mix d’approvisionnement selon les situations géographiques et le niveau de vie considéré. Par ailleurs, le rôle des habitats élitaires dans la construction de véritables paysages incultes artificiels juxtaposés aux agrosystèmes doit être reconsidéré : le rôle des châteaux dans la constitution et la conservation des massifs forestiers ainsi que l’aménagement des paysages hydrauliques semble, sur le continent, au moins aussi important que dans les Îles britanniques, où une longue tradition de recherche a d’ores et déjà bien mis ces phénomènes en valeur. Plus fondamentalement encore, il semble plausible que l’accès à certaines ressources alimentaires d’origine naturelle ait constitué un facteur déterminant pour l’implantation initiale de certains sites castraux, notamment dans les phases anciennes du phénomène (Xe-XIIe siècle). Il est ainsi possible d’aboutir à une lecture environnementale de la monumentalisation des pouvoirs locaux médiévaux et de leurs rapports moteurs avec la construction des environnements et des paysages tout au long du second Moyen Âge.
Loading...
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-04059736, version 1 (05-04-2023)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-04059736 , version 1

Citer

Charles Viaut. Du vivier à la grande salle : pour une lecture environnementale du phénomène castral (Xe-XVe siècle). 54e congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public : Environnement et sociétés au Moyen Âge, CESCM, May 2023, Poitiers, France. ⟨halshs-04059736⟩
18 Consultations
0 Téléchargements
Dernière date de mise à jour le 28/04/2024
comment ces indicateurs sont-ils produits

Partager

Gmail Facebook Twitter LinkedIn Plus