Cette communication reviendra sur la question de la distribution des pronoms JE et ON à l’oral. Si JE renvoie toujours à une seule personne, ON, en revanche, en dépit d’un accord grammatical singulier, donne le plus souvent à voir un regroupement de personnes. Il illustre en cela l’opposition entre nombre arithmétique et nombre grammatical (Dubois & Dubois-Charlier 2008). Le choix de ON, au détriment de JE, permet au locuteur de s’effacer de sorte à assumer, à des degrés divers, les contenus assertés. C’est le cas dans le corpus étudié ici - tourné vers le domaine de la santé, recueilli au terme de la première année de la pandémie de covid-19 -, où les pronoms JE et ON se distribuent de manière plus ou moins équitable dans l’ensemble du corpus. En revanche, si l’on tient compte du degré d’agentivité (vision scalaire) exprimée par les soignants interrogés, on note une forte dominance du pronom ON (agentivité collective) sur le JE (agentivité individuelle). Mais finalement, à qui ON renvoie-t-il vraiment dans le corpus examiné ? À une pluralité indéfinie ? À un collectif massif ?