Non aes sed fides. Réflexions sur le pouvoir de la monnaie - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue Française d'Histoire Economique Année : 2022

Non aes sed fides. Réflexions sur le pouvoir de la monnaie

Résumé

The institutionalist approach is based on the thesis that money is the result of a collective process of election through which a community of commodity producers constructs its cohesion by creating a shared representation of value, namely the unit of account. This conception of money as a community fact is opposed to both the instrumentalist conception, defended by neoclassical theory, according to which money is a simple technical means of facilitating exchange, and the chartalist approach, according to which money is a creature of the state. In the institutionalist perspective, money derives its authority from the confidence of the group that elected it. Because of the collective investment of which it is the object, monetary belief is endowed with an autonomous power that the State does not control and that imposes itself on it. A part of monetary confidence – which we call “ethical confidence” – has at stake the values that the monetary institution defends. This is what the example of bitcoin shows. Indeed, the very idea of a digital currency free of any central institution was developed within the “crypto-anarchist” movement, with the explicit aim of proposing an institutional architecture of exchange that is fully in line with the values and ideological requirements of this movement.
Au fondement de l’approche institutionnaliste, on trouve la thèse selon laquelle la monnaie résulte d’un processus collectif d’élection grâce auquel une communauté de producteurs de marchandises construit sa cohésion en faisant émerger une représentation partagée de la valeur, à savoir l’unité de compte. Cette conception qui appréhende la monnaie comme un fait communautaire s’oppose à la fois à la conception instrumentaliste, défendue par la théorie néoclassique, selon laquelle la monnaie est un simple moyen technique facilitant les échanges, et à l’approche chartaliste selon laquelle la monnaie est une créature de l’État. Dans la perspective institutionnaliste, la monnaie tire son autorité de la confiance du groupe marchand qui l’a élue. Du fait de l’investissement collectif dont elle fait l’objet, la croyance monétaire se voit dotée d’une puissance autonome que l’État ne contrôle pas et qui s’impose à lui. Une part de la confiance monétaire – qu’on nomme « la confiance éthique » – a pour enjeu les valeurs que l’institution monétaire défend. C’est ce que montre l’exemple du bitcoin. En effet, l’idée même d’une monnaie digitale affranchie de toute institution centrale a été élaborée au sein du mouvement « crypto-anarchiste », dans le but explicite de proposer une architecture institutionnelle d’échanges qui soit pleinement conforme aux valeurs et aux réquisits idéologiques de ce mouvement.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-04156038 , version 1 (07-07-2023)

Identifiants

Citer

André Orléan. Non aes sed fides. Réflexions sur le pouvoir de la monnaie. Revue Française d'Histoire Economique, 2022, 2022/2 (18), pp.8-21. ⟨10.3917/rfhe.018.0008⟩. ⟨halshs-04156038⟩
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