Le Jadwal ash-Shāsh wa ash-Shāmī et la compilation des listes d’émirs de Harar : premiers résultats d’enquête
Résumé
This field note presents initial research findings on the Jadwal ash-Shāsh wa ash-Shāmī (“ Shāsh wa ash-Shāmī List”), an Arabic text written around the mid-twentieth century by a scholar from Harar (eastern Ethiopia) named Ahmed Shamie. I was able to see the manuscript in which this text is found in Addis Ababa, in the spring of 2021, thanks in part to financial support from the CFEE. This article, drawing on ongoing research, shows that the Jadwal ash-Shāsh wa ash-Shāmī is a late historiographical construction that compiled numerous sources from different historiographical regimes. There is a great deal of continuity between this text and lists of emirs, the historiographical genre that dominated in Harar during the 17th to early 20th centuries. However, the writing of this text marked a turning point in the historiography of Harar : whereas previous lists only began in the seventeenth century, the Jadwal enforced a “ metanarrative” that gave the city a linear, exhaustive, and over-ten-centuries-long past.
Cette note de terrain présente des premiers résultats d’enquête concernant le Jadwal ash-Shāsh wa ash-Shāmī («Répertoire de Shāsh et de Shāmī » ), un texte en arabe écrit vers la mi-XXe siècle par un lettré de Harar (Éthiopie orientale) nommé Ahmed Shamie. Le manuscrit dans lequel figure ce texte a pu être consulté à Addis Abeba au printemps 2021, grâce notamment au soutien financier du CFEE. Cet article, s’appuyant sur des recherches en cours, montre que le Jadwal ash-Shāsh wa ash-Shāmī wa ash-Shāmī est une construction historiographique tardive qui compile des sources nombreuses et issues de régimes historiographiques différents. Il s’inscrit dans la continuité d’un genre historiographique qui domine à Harar au cours de la période moderne : les listes d’émirs. Mais la composition puis la diffusion de ce texte entérine un tournant dans l’historiographie de Harar : alors que les listes antérieures ne débutaient qu’au XVIIe siècle, avec le Jadwal, un «métarécit » s’impose qui dote la ville d’un passé linéaire, exhaustif et long de plus de dix siècles.