'New plants of faith’ resistant to the Gregorian reform?
De "nouvelles plantes de la foi" rétives à la réforme grégorienne ?
Résumé
The relationship between the Catholic Church, society and government is still the subject of heated debate at the heart of the European continent, not only in Poland - the birthplace of the first Slav pope in the history of Catholicism - but also in Slovakia and Hungary - two countries whose official flag features the double-headed cross symbolising their evangelisation. The Middle Ages were often used to make Christianity one of the building blocks of their national or macro-regional identity. Aside from these attempts to use history as an instrument, the following observation must be made: Until the 9th century, the immense area we call "Central Europe" - stretching from the shores of the Baltic Sea (in the north) to those of the Adriatic (in the south), from the upper valley of the Ohře, a tributary of the Elbe (in the west), to that of the Boug (in the east) - was no more than an aggregate of peoples, tribes and principalities with a highly fluctuating territorial hold. Most of these peoples remained outside the Roman Empire, and had many different traditions: Slavic, Germanic, Scandinavian and Steppe. It was when their rulers publicly adopted Latin Christianity (9th-11th centuries) that they acquired political stability - with the formation of the principalities and later kingdoms of Bohemia, Hungary and Poland - and cultural unity. This chapter aims to highlight what, in terms of the relationship between Church, society and power between 910 and 1274, distinguished Central Europe from the rest of Europe and especially from the core of the Christianitas, mostly located in Italy and France.
Les rapports entre Église catholique, société et pouvoir alimentent aujourd’hui encore de vives polémiques au cœur du continent européen, en Pologne – terre natale du premier pape slave de l’histoire du catholicisme – mais aussi en Slovaquie et en Hongrie – deux États dont le drapeau officiel arbore la croix à double traverse qui symbolise leur évangélisation. Le Moyen Âge y est souvent mis à contribution pour faire du christianisme l’un des ingrédients constitutifs de leur identité nationale, ou macro-régionale. En marge de ces entreprises d’instrumentalisation de l’histoire, le constat suivant s’impose : l’immense espace que nous appelons « Europe centrale » – étiré des rives de la mer Baltique (au nord) à celles de l’Adriatique (au sud), de la haute vallée de l’Ohře, affluent de l’Elbe (à l’ouest), à celle du Boug (à l’est) – n’était jusqu’au IXe siècle qu’un agrégat de peuples, tribus et principautés à l’emprise territoriale très fluctuante. Restés pour l’essentiel à l’extérieur de l’empire romain, ils véhiculaient des traditions multiples : slaves, germaniques, scandinaves, steppiques. C’est au moment où leurs dirigeants adoptèrent publiquement le christianisme latin (IXe-XIe siècle) qu’ils acquirent stabilité politique – avec la formation des principautés puis royaumes de Bohême, Hongrie et Pologne – et unité culturelle. Ce chapitre entend mettre en relief ce qui, sur le plan des rapports entre Église, société et pouvoir entre 910 et 1274, distingue l’Europe centrale du noyau décisionnel de la christianitas, principalement franco-italien.