Music and Death: The Intensity of Experience in the Work of Vladimir Jankelevitch
Résumé
The aim of this article is to put Vladimir Jankélévitch's analyses of music and death into dialogue: in both cases we can describe an exploration of the physical, of what the author calls the "organ obstacle", and of the relationship to time through bodily experience. On the one hand, the particular approach to the body appears as an opening to non-rational capacities that can be expressed through the virtuoso's performance of a musical work (as a latency of theoretical knowledge); on the other hand, the body appears as an obstacle to omnipotence, a marker of finitude through aging (the gradual or sudden loss of capacities) and the horizon of death.
In this way, the corporeal is approached as both an opening and a closure, not least because it constitutes an inscription in real, lived time. Jankélévitch's analysis of time, whether based on the moment when the piece of music unfolds or on the memory of a past lost with the death of another, finds a surprising formulation anchored in the "fact of having been": lived time, even when it passes, does not erase what has been, and even allows this fact to occur. These descriptions of the experience of corporeality and temporality open up an analysis of the subject's existential experience that we wish to develop by questioning the paradox posed by the constant association of fragility and the transcendence of this fragility in human existence. Ultimately, reflecting on the connection between music and death will lead us to consider the nuances that underpin a unique perspective on human existence.
Le projet de cet article est de mettre en dialogue les analyses de Vladimir Jankélévitch sur la musique et sur la mort : dans les deux cas nous pourrons décrire une exploration à la fois de la corporéité, de ce que l’auteur désigne sous le terme « organe-obstacle », et de la relation au temps à travers le vécu corporel. D’un côté l’approche particulière du corps se présente comme l’ouverture à des capacités non-rationnelles qui peuvent s’exprimer à travers l’exécution par le virtuose d’une œuvre musicale (comme latence de la connaissance théorique), et d’un autre côté le corps apparaît comme un empêchement à la toute-puissance, un marqueur de la finitude à travers le vieillissement (la perte progressive ou soudaine des capacités) et l’horizon de la mort.
La corporéité est ainsi abordée à la fois comme ouverture et comme fermeture, notamment parce qu’elle constitue une inscription dans le temps réel et vécu. L’analyse du temps, qu’elle s’appuie sur l’instant du déroulement de la pièce de musique, ou sur le souvenir d’un passé perdu avec la mort d’autrui, trouve chez Jankélévitch une formulation surprenante, qui s’ancre dans le « fait de l’avoir été » : le temps vécu, même s’il s’écoule, n’efface pas ce qui a été et permet même au fait d’advenir. Ces descriptions du vécu de la corporéité et de la temporalité ouvrent à une analyse du vécu existentiel du sujet que nous souhaitons développer en nous questionnant sur le paradoxe posé par l’association constante de la fragilité et du surpassement de cette fragilité dans l’existence humaine. Finalement réfléchir au lien entre la musique et la mort, nous conduira à penser des nuances qui fondent une perspective unique sur l’existence humaine.
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