Are spiritual confraternities more valuable than indulgences? The answer of the Saxon provincial minister Nicolas Lackmann (†1479)
Les confraternités ont-elles plus de valeur que les indulgences ? La réponse du ministre provincial de Saxe Nicolas Lackmann († 1479)
Résumé
At the peak of their development around the mendicant orders, in the fourteenth and fifteenth centuries, spiritual confraternities were often linked with indulgences, both in discourse (pro and contra) and in practices. Quite unusually, in a long passage of his Treatise on Confraternity, Nicholas Lackmann (†1479), minister of the Franciscan province of Saxony, opposes them. Without denying their common basis - he recognizes that they draw from the same "Treasury of the Church" - he establishes point by point the superiority of confraternity over indulgences. He does not hesitate to bend the texts and authorities he invokes in the direction of his demonstration and sometimes expresses positions that were uncommon for the time, especially concerning the (weak ?) power of indulgences over the dead.
In order to understand Nicholas Lackmann's approach, we will start by presenting the Tractatus de confraternitate (unfinished, little known and unpublished to this day), as well as the career of its author. For a long time a professor in Erfurt, Nicholas Lackmann succeeded Matthias Döring in 1461 - the famous Franciscan reformer attached to an "observance" without institutional rupture - at the head of the immense province of Saxony, stretching from Silesia to Thuringia and Pomerania. We will then examine the seven pieces of his argument, trying to put them into perspective with the help of canonical, polemical or homiletical texts. The time will then come for interpretation. In the end, the passage studied - if not the whole of the Treatise - could illustrate the contradictions with which the actors of the Franciscan reform were confronted in the second half of the fifteenth century, torn between the program of a return to the origins of Franciscanism, the promotion of the interiorization of the faith in the light of the progress of "modern devotion", and the salvific rewards demanded by the donators, in the background of the exponential rise of pontifical indulgences and the increase in criticism against monks and friars.
À l’apogée de leur développement autour des ordres mendiants, aux XIVe et XVe siècles, les confraternités avaient souvent partie liée avec les indulgences, dans le discours (pro et contra) comme dans les pratiques. De façon assez inhabituelle, dans un long passage de son Traité sur la confraternité, Nicolas Lackmann (†1479), ministre de la province franciscaine de Saxe, les oppose. Sans nier leur socle commun – il reconnaît qu’elles puisent au même « trésor de l’Église » –, il établit point par point la supériorité de la confraternité sur les indulgences. Il n’hésite pas à plier les textes et autorités qu’il invoque dans le sens de sa démonstration et exprime parfois des positions peu communes pour l’époque, à propos du (faible ?) pouvoir des indulgences sur les défunts en particulier.
Afin de bien comprendre la démarche de Nicolas Lackmann, on commencera par présenter le Tractatus de confraternitate (inachevé, peu connu et inédit à ce jour), ainsi que le parcours de son auteur. Longtemps professeur à Erfurt, Nicolas Lackmann succéda en 1461 à Matthias Döring – le célèbre réformateur franciscain attaché à une « observance » sans rupture institutionnelle – à la tête de l’immense province de Saxe, étirée de la Silésie à la Thuringe et à la Poméranie. On examinera ensuite les sept pièces de son argumentaire, en s’efforçant de les mettre en perspective à l’aide de textes canoniques, polémiques ou homilétiques. Viendra ensuite le temps de l’interprétation. En définitive, le passage étudié – sinon l’ensemble du Traité – pourrait illustrer les contradictions auxquelles se trouvaient confrontés les acteurs de la réforme franciscaine dans la seconde moitié du XVe siècle, tiraillés entre le programme de retour aux origines du franciscanisme, la promotion de l’intériorisation de la foi au fil des progrès de la « dévotion moderne » et les récompenses salvifiques que leur réclamaient les donateurs, avec en toile de fond l’essor exponentiel des indulgences pontificales et la montée des critiques contre les réguliers.