Ainsi que l'écrit Jean Subrenat : « l'examen des âges de la vie dans les œuvres littéraires médiévales étonne. Si, en effet, l'on ne compte plus les brillants jeunes bacheliers ou chevaliers [.. .] force est de constater que les petits enfants ne font que de bien rares apparitions. Et l'auteur de conclure que : "lorsqu'ils apparaissent, c'est le plus souvent comme simple pion, comme figurant utile pour l'intrigue mais négligeable en lui même". Les récits de la Matière de France n'échappent pas à ce constat. En effet, dans la majorité des récits composés aux XIIe-XIIIe siècles, les enfants sont très peu présents, à l'exception des héros de renom pour lesquels les trouvères ont parfois inventé des "enfances". Cependant même dans ces his­toires, les personnages apparaissent peu sous les traits de jeunes enfants. Toutefois, certains enfants prennent de la consistance lorsqu'ils sont enlevés à leur famille dès leur naissance ou en bas âge. Bien que la fréquence limitée de ces enlèvements dans les récits ne nous permette pas d'ériger cette action en un motif littéraire dans les chansons de geste de la Matière de France composées aux XIIe et XIIIe siècles, la récurrence de ces rapts mérite néanmoins que nous nous intéressions au sujet. En effet, ces enfants retirés de force à leur parentèle originelle sont recueil­lis dans d'autres foyers. Or, comment ces derniers sont-ils accueillis et intégrés dans ces nouvelles parentés ? Et surtout comment ces enfants volés sont-ils réinté­grés dans leur lignage de naissance une fois retrouvés ?