Comment, pourquoi, le travail gratuit se déploie-t-il ? Quelles sont les différentes articulations de ce dernier avec le développement du capitalisme et le salariat ? Quels enjeux cette gratuité soulève-t-elle en termes d’exploitation, de reconnaissance sociale ou d’accès aux droits ? Cet atelier vise à penser les formes multiples du travail gratuit dans les sociétés contemporaines du Sud global, dans des contextes de rapports sociaux inégalitaires, que ce soit avec le Nord global ou dans leurs dimensions de classe, de race, et de sexe. La notion de travail gratuit est ici entendue au sens large de travail démarchandisé, exercé dans un but non lucratif, renvoyant aussi bien aux diverses formes du travail domestique (le travail familial de care, par exemple), qu’à certaines dimensions ou tâches non rémunérées du travail associatif, humanitaire et bénévole. Il s’agit à la fois de décrire les pratiques concernées et de s’intéresser aux économies morales qui les accompagnent, leur donnent sens et justifient leur mise en œuvre dans différents contextes du Sud global. On sera attentifs aux formes de socialisations attachées à ce travail démarchandisé, et à la division sociale des rôles que celui-ci structure, en périphérie comme au cœur des logiques du capitalisme marchand. Les communications pourront aborder ces questionnements, notamment, au prisme des formes de redistributions matérielles et symboliques, ainsi que des interactions qui découlent du travail gratuit. Les différentes communications retenues permettront ainsi, à partir d’enquêtes de terrain, de saisir les modes de production du travail gratuit, ses fonctions sociales, économiques et culturelles, et les manières dont il est régulé, encadré ou au contraire invisibilisé par les politiques gouvernementales, institutionnelles ou organisationnelles, dans les contextes étudiés.