En Préhistoire, au-delà de trouvailles inattendues faites dans des contextes clairs, il arrive que les découvertes ou résultats d’étude « extraordinaires » soient sujet à controverses. Cela reflète en général la difficulté qu’ont les archéologues à s’accorder sur le degré de précisions et la construction de leur argumentation. De manière concomitante, une certaine surmédiatisation parfois vise à informer et convaincre le public de l’importance d’une découverte jugée majeure par ses auteurs, sans que, pour autant, le résultat ne remporte une large adhésion de la communauté scientifique. Constituant un exemple de la dérive sensationnaliste évoquée, une étude récente (Metz et al. 2023) consacrée aux pointes et micro-pointes du niveau E de la Grotte Mandrin (Malataverne, Drôme) vient de conclure à l’usage de l’arc il y a 54 000 ans par un groupe Homo sapiens en vallée du Rhône. Ce résultat proclame ainsi le vieillissement de près de 40 000 ans de l’usage reconnu de l’arc en Europe. Une lecture attentive de cette étude ne nous a pas convaincu de la validité de ce résultat « extraordinaire » qui nous semble a priori incompatible avec le principe de parcimonie. C’est ainsi sur la base du raisonnement et de la logique argumentaire que nous proposons une réfutation du mode de propulsion inféré qui est fondée en grande partie sur un « postulat d’efficacité » tout en faisant fi d’autres données archéologiques pourtant disponibles sur le site. Nous exposons une réfutation basée sur : 1/ les données présentées dans l’étude et d’autres travaux sur les armes préhistoriques, 2/ des données ethnographiques issues de trois continents et relatives à la chasse et son apprentissage par les enfants 3/ une régularité générale touchant à l’apprentissage dans les sociétés actuelles d’Homo sapiens. A l’issue de notre réflexion, nous proposons que les pointes microlithiques de Mandrin puisse correspondre à des parties d’armes miniatures potentiellement attribuables à des enfants.