La pyramide de Djoser à Saqqara, élevée autour de -2650 av. J.-C. est connue pour être l’une des premières constructions monumentales en pierre. L’apparente homogénéité de sa maçonnerie, bien qu’elle soit l’aboutissement de l’extension progressive d’un mastaba, tient en partie à l’utilisation de blocs calibrés qui dessinent des assises horizontales et régulières. L’ampleur du projet et le choix de cet appareil ont nécessairement exigé une grande organisation entre le chantier et la carrière. Si les modules de pierre vont au cours du temps augmenter, les grandes pyramides de l’Ancien Empire présenteront des caractéristiques de mise en œuvre comparables. L’utilisation de modules homogènes pour chaque chantier n’est cependant pas une spécificité des premières dynasties égyptiennes. On constate en effet qu’il en est de même pour les dynasties suivantes. Au Nouvel Empire par exemple, les tambours des immenses colonnes de la salle hypostyle de Karnak sont tous constitués de deux blocs adossés de mêmes dimensions. La plupart des ouvrages ptolémaïques quant à eux sont bâtis avec des assises parfaitement réglées. Dans ce cas, la hauteur des blocs est généralement fixe tandis que la profondeur et la largeur varient. Les dimensions de celles-ci sont cependant limitées pour que les blocs ne dépassent pas, en principe, 1,1 tonne ; une précaution qui permettait de déplacer les blocs toujours dans les mêmes conditions. On observe par ailleurs, quelque soit l’époque, que les blocs étaient marqués d’un signe d’équipe. Ceux-ci étaient assurément ciselés en carrière, sur le bloc fraîchement extrait afin de les identifier et d’assurer leur traçabilité jusqu'à leur taille finale, à pied d’œuvre. Les similitudes qu’il est possible d’établir entre des maçonneries de différentes époques suggèrent que la mise en œuvre est demeurée sensiblement la même au cours du temps. Ces observations peuvent être mises au regard des modes de transports utilisés qui semblent eux aussi avoir peu évolué. Ils étaient essentiellement assurés par des bateaux ou des traîneaux, et au moyen des échafaudages en brique, comme cela est bien attesté, tant par l’iconographie que par les sources archéologiques. L’approvisionnement des blocs de construction en Egypte pharaonique bénéficiaient d’une logistique optimisée et originale. Les permanences qu’on observe tant dans les transports que dans les maçonneries semblent indiquer que celle-ci s’est mise en place avec l’apparition des grands ouvrages en pierre, dès les premières dynasties.