L’article commence par évoquer l’ancienneté des traditions du tissage des tapis en Arménie, entre autres dans ses provinces orientales, et certains des témoignages qui l’attestent. Il rappelle l’importance du rôle des tisserand(e)s arménien(ne)s dans la production des tapis dits « caucasiens », rôle signalé par la présence fréquent d’inscriptions arméniennes. L’article souligne aussi les difficultés auxquelles se heurte l’étude de cet art. Il passe ensuite en revue les principaux types de tapis considérés comme caractéristiques des productions arméniennes du Karabagh. La plupart de ces types prennent probablement leurs racines dans le groupe des « tapis à dragons » datables des XVe-XVIIIe siècles, et en constituent des dérivations variées. Sur ces œuvres anciennes, des dragons sont placés au centre d’un riche treillis diagonal. Ce modèle subit par la suite, on peut le supposer, une schématisation et une réduction de ses motifs. Certains types dérivés se caractérisent par un ou plusieurs médaillons rayonnants et/ou par des dragons souvent en paire et attachés par la queue. Le tapis « de Gouhar » (nom de la tisserande inscrit en arménien) daté de 1699 ou 1700 en est une illustration. Sur des types aux dérivations plus poussées, ces motifs sont fortement dénaturés.