La question de l’accès à la connaissance des origines personnelles est entrée il y a quelques décennies dans les débats sociaux et politiques de nombreux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, concernant les situations familiales adoptives, devenues transnationales à la fin du XXème siècle, puis les familles issues de la procréation assistée impliquant un tiers donneur. Portée par les revendications de mouvements militant pour les droits des personnes nées dans le secret ou abandonnées, puis par les demandes exprimées par les personnes conçues par don de gamètes, elle a convoqué les savoirs en psychologie, les avis des juristes et l’éclairage des sciences sociales tout en entrainant de vifs échanges sociétaux et plusieurs débats parlementaires. Les changements législatifs advenus ces dernières décennies témoignent de l’importance croissante reconnue aux origines dans les conceptions de l’identité, mais ils induisent aussi de nouvelles interrogations quant aux limites de la parenté. À partir du cas de la France, nous proposons, dans cet article, de revenir sur la manière dont la question des origines s’est tout d’abord manifestée par des enjeux relatifs aux droits fondamentaux, liant protection des enfants et construction des identités personnelles, puis de considérer ses effets sur les transformations de la parenté et de ses confins, entrevus sous l’angle de l’anthropologie. À quelles formes de liens peut-elle donner lieu, et jusqu’à quel point ceux-ci transforment-ils l’environnement relationnel des personnes concernées ?