Le propos de cet article sur Jean-Louis Giraud-Soulavie est, d’une part, de situer ses travaux sur la géologie du Vivarais ; d’autre part, et dans ce cadre, d’éclairer son œuvre par la controverse Soulavie-Barruel sur l’origine de la terre et des êtres vivants. Nous découvrirons le caractère novateur de ses travaux, tant dans les recherches scientifiques qu’il fit concernant la stratigraphie et les volcans du Vivarais que dans la polémique qui l’opposa à l’abbé Barruel, qui voyait en son œuvre un déni de la Genèse et de l’approche théologique de la création. Sans faire d’anachronisme, des textes de Soulavie posèrent les bases d’une lecture chronologique et transformiste des couches géologiques ; on peut aussi dire que l’ensemble de son œuvre naturaliste et géologique concourt, à la suite et avec d’autres savants de son temps (Guettard, Faujas de Saint-Fond), à la fondation de la démarche géologique comme scientifique. L’intégration d’une chronologie dans la lecture naturaliste du monde est alors une nouveauté ; il n’est pas le seul à l’introduire en histoire naturelle mais cet apport est essentiel, car c’est justement l’origine du monde établie à partir des données d’observation géologique qui va provoquer la controverse avec le père Barruel. Même ses idées sur l’ancienneté des volcans du Vivarais seront perçues comme attentatoires au texte biblique et au discours théologique sur la Création. Soulavie fut un des premiers, à la suite de Buffon, à introduire une vision chronologique dans une explication qui se voulait scientifique de l’origine du monde.