«Entre méfiance et fascination : figures féminines d’influence en milieu monastique syriaque», dans G. Aragione, B. Föllmi (éds)
Résumé
La documentation syriaque concernant les figures du monachisme et de l'ascétisme féminins en Mésopotamie, Syrie et en Perse est peu généreuse : pauvreté des matériaux accessibles, carence des sources. Le chercheur qui souhaite révéler, au sens photographique, cette histoire doit aller glaner voire traquer quelques maigres éléments dans des sources dispersées de types très différents : hagiographies et leurs distorsions inhérentes, histoires monastiques qui peuvent être basées sur des témoignages de contemporains, chroniques et histoires ecclésiastiques, mais aussi correspondances, littérature canonique et réglementations de la vie monastique, actes synodaux, voire aussi parfois dans des oeuvres de spiritualité. Les rares données que l'on peut en extraire comportent beaucoup de stéréotypes, reflets aussi d'une mentalité liée à une époque et une culture, mentalité qui s'exprime aussi en schémas hagiographiques, reflets des réticences et de la méfiance de rédacteurs exclusivement masculins, selon les pesanteurs des règles du jeu social. Ainsi peut-on s'interroger sur les motivations présidant aux quelques récits qui nous sont restés : dans quelle mesure sont-ils fiables ? Quel message délivrent-ils au-delà des traits rhétoriques et des formulations culturelles ? L'image que l'auteur se fait de la protagoniste qu'il met en scène, selon ses critères subjectifs et son propre langage littéraire, correspond aussi à ce qu'il souhaite en dire et ce qu'il veut qu'elle soit dans la société et dans l'Église. Ainsi l'historien Jean d'Éphèse au vie siècle, en débutant sa notice sur une femme ascète, reste-t-il tributaire des préjugés de son époque, ayant soin de restituer
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