Détecter les oppositions politiques dans les bibliothèques. Contenu et style des manuscrits - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Publications du Centre européen d'études bourguignonnes Année : 2020

Détecter les oppositions politiques dans les bibliothèques. Contenu et style des manuscrits

Résumé

Ces dernières années, j’ai pu travailler sur les bibliothèques des ducs de Bourgogne et de la noblesse à la cour de Bourgogne. Ce faisant, j’ai surtout cherché des rapprochements : dans quelle mesure les nobles cherchèrent-ils à imiter la bibliothèque des ducs, pour ce qui est du contenu des livres et de leur style (auprès de quels ateliers de copistes et d’enlumineurs furent-ils commandités) ? Dans ce qui suit, je voudrais faire l’inverse : regarder de plus près les manuscrits qui sortent du lot, les exceptions, ceux qui ne rentrent pas dans le cadre général, pour détecter non pas comment les nobles imitent le duc ou se rapprochent du duc, mais comment ils s’en éloignent. Je propose quelques cas afin de vérifier si le contenu des bibliothèques peut permettre de discerner des oppositions politiques, des changements de camp : j’oppose le camp bourguignon (la cour des ducs de Bourgogne) et le camp français (la cour des rois de France). Comme souvent dans les recherches historiques, il s’agit d’hypothèses. Savoir qu’un manuscrit porte une marque de possession ne nous donne, au fond, aucune preuve qu’il a été consulté ou lu par le propriétaire, ni qu’il était en accord avec le contenu ou avait consciemment acquis le livre. Après tout, un livre peut avoir été offert sans que le possesseur ne l’ait jamais ouvert. Mais ayant dit cela préalablement, je propose tout de même quelques recherches sur des manuscrits qui font exception et qui, par leur contenu et/ou leur forme, ne rentrent pas dans le moule assez homogène d’une culture de cour typiquement bourguignonne. Plusieurs questions entrent en jeu : dans quelle mesure une différence constatée peut-elle être causée par une simple question pratique, de géographie surtout ? Il se peut, en effet, que quelqu’un commande un manuscrit dans un atelier tout simplement le plus proche ou le plus simple à atteindre. Ou bien, dans quelle mesure la commande d’un manuscrit non bourguignon peut-elle être interprétée comme un choix délibéré pour suivre une autre mode que celle de la cour de Bourgogne ? On peut présumer qu’une commande par un noble bourguignon d’un texte bourguignon dans un manuscrit de style français soit un simple signe de déplacement physique du commanditaire, tandis qu’une commande d’un texte français dans un manuscrit français soit le signe d’un réel glissement d’idées. En cherchant dans les bibliothèques de la noblesse de la cour de Bourgogne du XVe siècle (grosso modo entre 1420 et 1490) des manuscrits qui se différencient par leur style et/ou par leur contenu, on trouve d’abord les manuscrits plus anciens. Si la plupart des manuscrits acquis par cette élite contient les textes à la mode dans ce milieu et provient des ateliers contemporains des Pays-Bas méridionaux, il est en effet assez courant que d’autres manuscrits, acquis par héritage ou par achat, soient plus anciens. Par leur âge, ils montrent tout de suite leur différence. Ils sortent notamment, pour beaucoup, d’ateliers parisiens du XIVe siècle. Mais concentrons-nous plutôt sur la production contemporaine du XVe siècle.

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halshs-04361371, version 1 (22-12-2023)

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Paternité - Pas d'utilisation commerciale - CC BY 4.0

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Citer

Hanno Wijsman. Détecter les oppositions politiques dans les bibliothèques. Contenu et style des manuscrits. Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, 2020, Contestations, subversions et altérités aux XIVe-XVIe siècles, éds. Alain Marchandisse, Bertrand Schnerb, Jean Devaux, 60, pp.167-184. ⟨10.1484/J.PCEEB.5.122567⟩. ⟨halshs-04361371⟩
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Dernière date de mise à jour le 05/05/2024
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