Depuis une vingtaine d’années, les projets de pôles d’échanges se sont multipliés dans les villes françaises, en particulier dans les communes-centres de communautés d’agglomérations (Angoulême, Agen, Besançon, Bourg-en-Bresse, Carpentras, Charleville, Chaumont, Lorient, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Sète, Thonon, Vitré...). Nous proposons dans cette contribution d’explorer les régularités qui caractérisent cette vague de projets de pôles d’échanges pour comprendre les raisons de leur diffusion. Nous testons ainsi l’hypothèse d’une « lignée d’aménagement » (Arab, 2018) des pôles d’échanges de gares centrales d’agglomérations. Si tous ces projets comportent des singularités, nous cherchons à croiser les problématiques communes des réalisations des 10-15 dernières années. L’objectif est de comprendre le contexte, les enjeux et les éléments déclencheurs du projet ; la gouvernance du projet et la dynamique partenariale ; la composition urbaine et architecturale du projet, à la fois sur les plans de l’intermodalité, de l’architecture et des paysages. Nous produisons une analyse croisée d’un échantillon de projets pôles d’échanges à travers les dossiers de presse, communications institutionnelles et, le cas échéant, des entretiens avec les parties prenantes des projets. Notre contribution permet de mettre en évidence les éléments structurants de ce qui peut s’apparenter à un modèle d’aménagement marqué par deux dynamiques fortes : son enrichissement progressif par l’intégration de nouveaux enjeux, passant d’une logique première de combinaison fonctionnelle des modes de transport à un objectif de création d’un lieu-démonstrateur, porteur d’enjeux d’image et d’attractivité pour le territoire ; les vicissitudes de son adaptation à certains contextes locaux, processus inhérent à la circulation des modèles urbains (Leducq et alii, 2019), qui incitent à s’interroger sur les limites de ces projets.