« Ce qu’un ami peut offrir à son ami » : les ressorts affectifs d’une mission dans l’Ouest pendant la Terreur
Résumé
The letters left by René François-Primaudière, a French Convention representative from Sarthe, during his stay in Laval in Year II provide an emotional and affective history of his mission in Mayenne and Ille-et-Vilaine departements from January to August 1794. Aged around forty at the time, the former lawyer, who had been initiated into Freemasonry, appears to be part of several friendship networks, three in particular: a Parisian circle, made up in part of fellow deputies; ties to Sablé, his home town where his mother still lives and where he was a district procureur syndic; and lastly, friendships, some of them recent, in the area he was visiting. How does the representative of the people maintain and mobilise this social capital for the proper conduct both of his mission and, in his absence, of his public and private affairs? By looking at the multiple and shifting identities of this individual - the provincial deputy in Paris, the Montagnard representative on a mission, the former local administrator, the private individual - this study helps to examine the concepts and functions of friendship during the French Revolution.
La correspondance passive laissée par le conventionnel sarthois René François-Primaudière lors de son séjour à Laval en l’an II permet de reconstituer une histoire émotionnelle et affective de la mission qu’il effectue de janvier à août 1794 en Mayenne et en Ille-et-Vilaine. Âgé alors d’une quarantaine d’années, l’ancien avocat, initié à la franc-maçonnerie, y apparaît inséré dans plusieurs réseaux d’amitié, principalement trois : un cercle parisien, composé en partie de collègues députés ; des attaches ensuite à Sablé, sa ville d’origine où vit encore sa mère et où il a été procureur syndic de district ; et enfin des relations amicales, parfois récentes, sur son territoire de mission. Comment le représentant du peuple entretient-il et mobilise-t-il ce capital social pour la bonne conduite tant de sa mission que, en son absence, de ses affaires publiques et privées ? Au miroir des identités plurielles et mouvantes de cet individu — le député provincial à Paris, le représentant montagnard en mission, l’ancien administrateur local, l’homme privé —, cette étude contribue ainsi à interroger les conceptions et les fonctions de l’amitié en révolution.