Créé par Pierre Boulez, l’Institut de Recherche et Coordination – Acoustique /Musique (Ircam) est un organisme associé au centre Pompidou disposant du statut d’association loi 1901 depuis décembre 1976. Il ne s’agit donc pas d’un établissement public mais d’un établissement privé et la gestion des archives n’entre donc pas dans le cadre de l’article L.211-4 du code du patrimoine. S’il a toujours existé au sein de l’institut un pôle documentation, aucun archiviste de métier n’y a jamais travaillé à notre connaissance. Il n’est donc pas aisé d’explorer et de mettre en valeur ce fonds qui regorge pourtant de documents extrêmement précieux pour celles et ceux qui voudraient s’intéresser à l’histoire de l’institut et au développement des recherches scientifiques et musicales qui s’y conduisent depuis bientôt un demi-siècle. Quelle est donc la nature des documents constituant ce fonds d’archives? Où et comment sont-ils entreposés? Qui, par le passé, y a eu accès et à quelles fins? Quelles stratégies adopter pour poser les bases d’une politique de numérisation? Éparpillées dans plusieurs locaux et plus ou moins gérées indépendamment par les différents départements de l’institut (communication, ressources humaines, pédagogie, production, recherche…), les archives de l’Ircam ont été explorées ponctuellement par le passé par quelques chercheurs soucieux de documenter la création de certaines oeuvres ou l’émergence du métier de Réalisateur en Informatique Musicale. Des investigations plus poussées ont débutées il y a plusieurs mois dans le but de retracer l’histoire de l’institut et de mieux révéler ses singularités. De leur côté, le pôle documentaire et le pôle production de l’Ircam numérisent depuis plusieurs années certains documents – des enregistrements audio essentiellement – afin d’alimenter les bases de données Ressources, SIDNEY et ANALYSES de l’institut. Au cours de cette communication nous dévoilerons tout d’abord la disparité des contenus, des formats et des médiums qui constituent cet incroyable fonds d’archives et établiront un inventaire des outils technologiques nécessaires pour pouvoir les consulter et les numériser. Nous proposerons dans ce contexte une sorte de visite virtuelle à l’intérieur des trois bâtiments de l’Ircam (le sous-sol, la tour Piano et enfin l’école Jules-Ferry et les Bains-Douches réhabilités) afin de bien comprendre où et comment sont entreposées ces documents.Nous reviendrons alors brièvement sur les rares recherches menées à partir de ces archives et nous intéresserons à la politique de numérisation et de diffusion de certains documents. Enfin nous présenterons le projet RAMHO (Recherche et acoustique musicales en France: une histoire orale) et expliquerons comment le travail sur les archives s’avère tout aussi précieux pour préparer les entretiens que pour compléter les récits afin de de restituer le plus fidèlement possible, dans le cadre de ce projet, l’histoire de l’Ircam. Comme bien d’autres institutions de ce type, l’Ircam souffre cruellement de l’absence d’une politique d’archivage et de numérisation clairement définie. En ayant identifié les lieux de stockage, la nature disparate des documents mais aussi leur richesse, nous espérons avoir contribué à l’établissement d’un socle commun pouvant servir, dans le futur, à mieux organiser, préserver et explorer ce précieux capharnaüm.