Ce travail aborde les relations actuelles entre Haïti et la République dominicaine sous l’angle des interactions quotidiennes dans plusieurs sphères de la région frontalière (relations familiales, de compérage, de travail, de collaboration communautaire, relations avec les autorités). Ce travail montre que dans chacune de ces sphères la catégorie « nationalité » influe sur les interactions et constitue une catégorie centrale qui intervient dans tous les aspects de la vie quotidienne : relations entre civiles, avec les représentants de l’État et les militaires, dans l’accès aux droits fondamentaux, dans le rapport à l’espace. À leur tour, ces interactions et relations reproduisent les catégories d’identification et participent à la construction de leurs limites. La frontière apparaît ainsi non plus uniquement comme une limite territoriale mais également comme une limite sociale, symbolique et culturelle ; elle est le résultat d’une construction spatiale, politique et sociale qui se reproduit à travers des pratiques sociales et interactions quotidiennes.